Okashi, Hosu, Niji, Taboo, Torio autant de noms enchanteurs constituant une forêt de totems créés par Amélie Dauteur.
Les totems d'Amélie Dauteur sont des points d'exclamations poétiques ponctuant la scène artistique de leur gaieté, de leur finesse et tout simplement de leur beauté joyeuse. Rien d'étonnant à cela, leur créatrice venant du milieu de la décoration, de la mode et du luxe accorde un soin tout particulier à leur réalisation. Le geste est maitrisé, la technique parfaite et rien n'est laissé au hasard dans le choix des matériaux : céramique peinte, bois façonné par le temps, sont des éléments issus de la nature et renforcent l'aspect primitif et sensuel des totems.
Si Amélie Dauteur adopte parfois un ton léger, humoristique pour en parler, cela ne doit pas faire oublier que formellement à travers eux apparaît toute une histoire de l'art courant de Matisse à Ellsworth Kelly en passant par Miro mais convoquant aussi et surtout de grands noms de la sculpture tels Jean Arp, Constantin Brancusi, Alexandre Calder, artistes dont elle ne cache pas l'héritage. De ces figures tutélaires elle parvient à faire la synthèse entre abstrait et figuratif, végétal et animal, une forme de concrétion idéale, synthèse qui lui est toute personnelle et traduit également son goût et sa connaissance des arts premiers.
Si l’urbanisme de nos villes peut tendre à l’uniformisation de nos cultures ancestrales, les totems d’Amélie Dauteur nous rappelle à un sentiment d’universalité et d’essentiel par la force de l’objet d’art aux consonances traditionnelles.
De tous temps et sur chaque continent l'Homme a eu besoin de créer des totems, emblèmes d'un clan d'une famille, d'une tribu pouvant être obiets de cultes ou de protection. Posséder un totem d'Amélie Dauteur et jouir de sa contemplation c'est se garantir des moments de rêveries et d'apaisement, rien d'étonnant à ce que l'on ait envie d'en agrandir sa famille redonnant par là-même à l'art un caractère sacré.
Céline Berchiche, Docteur en histoire de l'art, membre de l'AICA (Association Internationale des Critiques d'Art) et Iris Lagoda.